Loin des projecteurs jusqu’à avril dernier, l’homme d’affaires camerounais, Emmanuel Wafo n’a pas hésité à monter au créneau pour s’opposer vivement au projet de fusion des deux grandes organisations patronales du pays en l’occurrence le Gicam et l’Ecam. Depuis lors, il se montre davantage disponible et ouvert au public. Et les motivations qui animent sa position, il les partage sans réserve dans une liberté de ton qui fait sa particularité.
Dans l’une de ses récentes sorties notamment chez nos confrères de Jeune Afrique, le patron de l’entreprise industrielle Mit-Chimie basée dans la zone industrielle de Bassa, s’est confié sans langue de bois. ” Je dis les choses telles que je les pense, n’en déplaise à certains. J’ai toujours été comme ça” répondait-il dans les colonnes du média panafricain. Pour le groupe des conservateurs du Gicam dont il semble être la figure de proue, la fusion entre le Gicam et l’Ecam pourrait aboutir à la disparition du Gicam et la naissance d’une nouvelle entité dont l’identité sera dévoilée en son temps, tout comme les nouveaux statuts qui seront soumis à l’adoption des membres. En s’opposant ainsi à cette fusion, le groupe des conservateurs entend faire obstacle à “la braderie du patrimoine du Gicam” qui découlerait du projet soutenu par les partisans de l’exécutif actuel conduit par Célestin Tawamba, qui présente ce projet comme une réelle opportunité de contribuer à l’avènement “d’un patronat uni et fort”.
Dans une situation où le rapport de force entre les deux groupes patronaux est loin d’être égalitaire, le groupe conduit par Emmanuel Wafo peine à comprendre l’opportunité dont parle le camp d’en face. En effet, d’après une étude comparative, le Gicam, c’est 66 ans d’existence, 1000 adhérents, dont 27 associations professionnelles, 73% des recettes fiscales de l’État et 185.426 employés et représentations. Par contre Ecam compte 14 ans d’existence et “un poids économique difficile à évaluer”
Volonté de pérennisation au pouvoir ?
La justice à la rescousse…
D’après Jeune Afrique, pas moins de quatre procédures sont actuellement en cours devant les tribunaux de Douala, toutes visant à interrompre le processus qui doit aboutir en février 2024, avec l’élection des dirigeants de la nouvelle organisation. “Le sort du Gicam est entre les mains de la justice, et nous lui faisons pleinement confiance”, se défend Emmanuel Wafo. Pour lui, les votants lors de l’Assemblée générale extraordinaire de juillet dernier, ont fait leur choix sans en connaître le contenu. “Les membres ont voté pour la fusion sans en connaître le contenu, soutient-il. Selon nos textes, tout projet de modification des statuts doit être débattu au cours d’une assemblée générale extraordinaire. Or, le débat a plutôt eu lieu au cours d’un conseil d’administration. L’Assemblée générale ne peut pas être réduite, à ne donner qu’une caution à un acte élaboré sans son accord et sans sa consultation“, expliquait-il. “Comme nous, le conseil des sages estime que l’initiative de rassembler les deux organisations patronales est louable, mais qu’elle devrait se faire en intégrant Ecam comme un membre institutionnel et non en créant une nouvelle organisation” ajoutera-t-il.
D.A