Plusieurs siècles après le mouvement de revendication à New-York des femmes travailleuses, des ouvrières du secteur de l’habillement, le combat pour la reconnaissance et le respect des droits de la femme continue. Les femmes dans leur socle familial, dans les milieux professionnels, dans divers paliers de la société, continuent à être marginalisées sur la base de l’aspect genre.

A l’occasion de cette 39ème édition de la Journée Internationale de la Femme célébrée ce 08 mars 2024 sous le thème : «Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme », nous sommes allés à la rencontre d’une femme résiliente et conciliante ; une femme qui malgré toutes les percussions qu’elle subit de ses homologues, est restée concentrée sur un seul objectif notamment le bien-être de son peuple ; le maintien de ce dernier dans la paix et la cohésion sociale.

Il s’agit de sa Majesté Joséphine Tchakoua IV, 15ème de la dynastie et cheffe traditionnelle de Fu Tcheu ; localité située dans l’arrondissement de Bandja, département du Haut-Nkam, région de l’Ouest-Cameroun.

Depuis sept ans, cette autorité traditionnelle essuie des affronts et incursions dans sa chefferie sans dire mot. Aujourd’hui, après avoir rédigé le mémoire de son village, elle a décidé de sortir de son silence pour dénoncer la persécution dont sa communauté et elle sont victimes. «Depuis que j’ai succédé à mon père, je subi beaucoup d’agressivité, beaucoup de pression, beaucoup de pression et tout ça pour me pousser à partir de mon village. Il y a les villages voisins qui ont envahi nos terres, pris notre identité. J’ai succédé à mon père et à mon grand-père en 2016 et en 2017 ce complot monté contre moi a commencé. Pendant sept ans, je me suis battu en silence, sans rien dire ; et plus je me taisais, plus ils avançaient pensant que je suis déjà annexé. Ils sont allés jusqu’à taper le tam-tam dans ma chefferie pensant que j’allais réagir. Lorsqu’un village voisin va taper le tam-tam dans ta chefferie, cela signifie que le chef là-bas n’est rien et que la chefferie a été prise » se confiait-elle ce jour. « Ils attendaient que je réagisse mais je ne l’ai pas fait car connaissant l’histoire de mon village, en réagissant, ce sont mes propres enfants qui allaient s’entretuer. Car ceux qui ont envahi mon village, qui m’ont tout pris, mes terres, ma famille, mes notables, mes élites, comme ce sont les étrangers, ils ne connaissent pas bien l’histoire de mon village. Et lorsque je ne réagissais pas, ils pensaient que j’avais peur d’eux. Non, c’est parce que je protégeai mes enfants. Leur soi-disant population et ma population, ce sont mes enfants et si j’avais réagi de manière négative ou agressive comme eux ; ce sont mes deux peuples qui devaient s’affronter pendant qu’ils devaient se mettre à l’écart et rire de la situation. Maintenant que j’ai écrit le mémoire de mon village avec toutes les vérités, je peux maintenant sortir » ajoutait-elle.

Victime de son appartenance genre

Entre-autres raison de la persécution dont elle est victime, celle qui a déjà subi tous les rituels d’intronisation auxquels doit se soumettre toute autorité traditionnelle en pays bamiléké, souligne son appartenance à la gente féminine. « Parce que je suis une femme, ils ont évoqué la raison selon laquelle en pays bamiléké, les femmes ne sont pas chef. J’aimerai bien savoir si ce sont eux qui ont établi les règles successorales en pays bamiléké. Chacun est chef chez lui, dans sa chefferie » se défendait-elle.

Dialogue inclusif politico-traditionnel

Résolue à trouver une issue pacifique à la situation conflictuelle qui se vit à Fu Tcheu, Sa Majesté Tchakoua IV prône la convocation d’un dialogue inclusif politico-traditionnel qui permettra à tout le monde notamment ses oppresseurs et elle de s’asseoir autour d’une table et d’entamer des pourparlers francs qui tirons leur fondement de l’histoire et qui devront permettre à chaque partie d’aboutir à une conclusion saine.

« Il faut un dialogue inclusif politico-traditionnel. Ce que je vous dis actuellement, peut-être taxé de mensonge, puisque le camp d’en face n’est pas là. Or pendant ce dialogue, ils seront là et je parlerai en les regardant droit dans les yeux. Ceux qui se réclament chefs de ma communauté, me diront si ce village leur appartient » concluait-elle.

A.D

By admin

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